La Cérémonie du Geste

I. L’Origine : Un Territoire qui Demeure

MANUS est né dans un instant de révélation intime : fermant les yeux, je suis revenue — comme on remonte le temps — aux mains de mes proches. Non pas à leurs visages, ni à leurs voix, mais à leurs gestes.

Ces mouvements minimes, quotidiens et profondément singuliers qui portent l’identité d’un être. Se souvenir de leurs mains était revenir à un territoire complet : aux odeurs de la maison, à la température des après-midis, aux textures du monde que nous partagions, à la mémoire de ce que nous fûmes et de ce qui ne reviendra jamais de la même manière.

Dans ce geste silencieux, j’ai trouvé un pont vers ce qui subsiste après tout : l’empreinte de l’existence.

C’est pourquoi MANUS existe : pour saisir ce tremblement intime qui précède la parole, ce langage que nous connaissons tous sans l’avoir étudié.

II. Protocole et Création

La séance photographique MANUS n’est pas une séance ; c’est une cérémonie du geste. Une expérience construite pour que la personne portraiturée puisse habiter sa propre profondeur avec liberté et sans artifice.

Je me déplace jusqu’à l’espace où son corps se sent en repos. J’emporte avec moi une planche de bois qui agit comme racine et comme scène, un microphone qui enregistre la voix de l’âme, et un ensemble de lumières qui n’ont qu’une seule fonction : accompagner, ne pas interférer.

Avant de commencer, la personne reçoit un document d’autorisation, car son image — et parfois sa voix — fait partie d’une archive plus vaste, une archive vivante. L’entretien peut rester intime ou être révélé, selon le choix de chacun. Une fois que tout est prêt, le transit commence.

III. Le Transit et la Révélation

Mes questions ne cherchent pas de réponses littérales ; elles cherchent à ouvrir des fissures, à provoquer des sentiments, à réveiller des souvenirs endormis. Ce sont des détonateurs, des clés, des provocations douces qui invitent à la mémoire, à la douleur, à l’amour, au rire, aux souvenirs éteints et à ceux qui brûlent encore.

À mesure que la personne parle, son corps commence également à se souvenir. Tandis que la voix s’enracine dans les profondeurs, les mains commencent à bouger seules, se sachant regardées mais non surveillées, avec l’honnêteté de la spontanéité : elles se tendent, tremblent, désignent, se reposent, s’ouvrent comme des pétales ou se recueillent comme une prière.

C’est là, dans cette danse involontaire, que je déclenche.

Aucun geste n’est posé ; chaque photographie est la révélation instantanée de quelque chose qui jaillit de l’intérieur vers l’extérieur.

IV. La Résistance Contre l’Oubli

MANUS capture ce qui ne peut être feint : le langage intime des mains, cet idiome que seuls ceux qui nous aiment savent lire. Je souhaite qu’en regardant ces images, d’autres découvrent également un écho : qu’ils voient dans des mains étrangères le reflet de celles de leurs propres êtres chers.

Ici, je ne photographie pas des corps : je photographie des présences. J’emporte avec moi non seulement la lumière d’une image, mais un fragment de l’être, de l’histoire, de ce qui bouge en silence lorsque la parole n’atteint plus.

MANUS est un acte de mémoire, de révélation et de résistance contre l’oubli.

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